Laurent de Villiers: Une Résistance Hors du Commun, Part Deux


C’est dire si j’hésite à suggérer de transformer ce blogue en livre. Je panique à la seule idée de témoigner, où que ce soit – et pourtant, j’aimerais le faire, et je fantasme souvent de me raconter, au « colloque de sciences humaines », à mon Collège, ce qui serait une véritable résurrection de ma dignité, une véritable restauration de mon intégrité… Mais à dire vrai, jamais, jamais, je n’aurais ni n’aurai le courage de Laurent de Villiers. (Ceux et celles qui me lisent, parfois, se souviendront peut-être que j’ai déjà écrit un billet sur lui, en janvier dernier). Il s’est présenté sur le plateau de télé de Laurent Ruquier pour y parler d'un livre autobiographique qu'il vient tout juste de publier, chez Flammarion, rien de moins; il y a été soumis, littéralement, à la question. L'aplomb de ce jeune homme, du fait des obstacles considérables qu'il a dû franchir, m’a renversé, épaté. L’écoutant, j’avais le cœur qui cognait fort. Lui est resté calme et modeste, a soutenu qu’il a été forcé de raconter sans équivoque le drame du petit garçon qu’il a été, par défaut d’une solidarité familiale qu’on lui a promise puis retirée, ultime manipulation qui ne lui laissait d’autre choix que la visite chez le juge d’instruction, pour raconter le délit, et se libérer du crime dont il a été la victime. Il a écrit, publié, sous son vrai nom, l’histoire du viol qu’il a enduré trois ans durant ; c’est un grand nom, les de Villiers, le dévoilement d’une histoire pareille ne pouvait être autrement que considérable, et dramatique; il l’a été, parmi ses proches, bien sûr, mais dans la presse, aussi, qui s’est parfois outrageusement bidonné de la chose racontée, oubliant qu’il y avait là une victime, un homme, un jeune père, un expatrié, un survivant, qui cherchait désespérément le secours et le soutien des autres, à retrouver confiance dans le genre humain. (Il y a toujours de quoi rire, bien sûr, quand un catholique ultra se retrouve face à un inceste dans son propre clan, qu’il a politiquement instrumentalisé ; c’est tout comme lorsqu’un archevêque de Paris meurt dans les bras d’une prostituée - pour faire image…) Il n’y a plus rien à rire quand on regarde et qu’on écoute Laurent de Villiers.

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